Light
Manager
Voici comment en 1913, se
présentent le monde et la société : la vie a été aliénée,
inextricablement et totalement. Il règne une sorte de fatalisme
économique attribuant à chacun, qu’il le veuille ou non, une fonction
précise et, par là, des intérêts allant jusqu’à déterminer son
caractère. [...] Peu importe comment nous en sommes arrivés à cette
situation —, elle est ce qu’elle est et personne ne saurait s’y
soustraire. Les perspectives, en cas de guerre par exemple, ne sont pas
réjouissantes. [...] Mais la question la plus profonde et la plus
brûlante qui se pose, nuit et jour, est bien celle-ci : existe-t-il
quelque-part une puissance assez forte et surtout assez vivante, pour
abolir cet état de fait ? [...] Ce qu’il faut c’est une ligue de tous
ceux qui ne veulent pas être soumis à ce mécanisme : une façon de vivre
qui résiste à l’utilitarisme. L’amour orgiastique pour tout ce qui est
inutilisable et inexploitable.
Hugo Ball, La Fuite Hors Du Temps, Journal 1913-1921
Dans le désastre de la Première Guerre
mondiale, des passagers clandestins de la bonne ville de Zurich,
débarqués de Suisse, France, Allemagne, Angleterre ou Roumanie,
trouvent refuge dans le troquet d’une rue obscure et fondent ensemble ce
qui prit le nom de Dada. Ils nient tout d’un bloc : le passé, son récit
et ses valeurs qui menèrent à la boucherie des tranchées, le futur plus
ou moins idéalisé qui fait accepter un présent médiocre et toute forme
de soumission. Avec Dada, l’art devient une affaire quotidienne et
immédiate : tout se joue dans l’instant, dans la rencontre, entre humour
et cynisme, mystification et libertinage, inventivité et esprit
libertaire. Etre artiste de sa propre vie, c’est alors ne pas refaire et
ne pas prévoir, ne pas admettre et ne pas promettre.
En trois chapitres, l’artiste et
musicien Alexis Forestier relie les inventions formelles aux utopies
politiques de l’époque : la relation de Hugo Ball, éminent poète et
musicien Dada, avec Kropotkine, théoricien russe de l’anarchisme qui
participa activement à la prise de conscience de la condition ouvrière
dans le Jura suisse. Puis Dada et Lénine, la rencontre qui n’eut pas
lieu, alors que Lénine en exil vivait à quelques pas du Cabaret
Voltaire. Et finalement Dada à Berlin, simultanément à la révolution
spartakiste. Entre démarche archéologique et déchiffrement
historico-politique, Alexis Forestier explore la riche inventivité
formelle de Dada, attentif à son étrangeté irréductible, ses
récupérations, ses prolongements et ses échos dans la vie artistique et
politique contemporaine, rendant compte alors de la brève et
interminable histoire de Dada.
Eric Vautrin, Théâtre Vidy Lausanne, janvier 2017
CRÉDITS
Mise en scène, scénographie, montage de textes et collage musical : Alexis Forestier
Lumière : Perrine Cado
Son : Jean-François Thomelin
Avec la voix de : Bruno de Coninck Avec : Clara Bonnet, Jean-François Favreau, Alexis Forestier, Itto Mehdaoui, Barnabé Perrotey
Avec les textes de : Hugo Ball, Franz Kafka, Arthur Cravan, Eric Vuillard, Kropotkine, Raoul Hausmann, Henri Lefebvre, Lénine, Soljenitsyne, Dominique Noguez, Greil Marcus, Richard Huelsenbeck, Marcel Janco, Emile Szittya, Tristan Tzara, Heiner Müller Marcelo Tari, Walter Mehring, Paul Mattick.
Avec les musiques de : Benzo, Bélibaste de Cocagne (le cercle des mallissimalistes), John Cage, Coil, the Cramps, CYCLIKWEETOS, Einstürzende Neubauten, Enzo del Re, Le death to mankind, le dernier cri, DIRTY Beaches, Bruno Fleurence, HANSEN WINDISCH, KLEENEX, Krinator, Annabelle Playe, Residents, Meurtre, Les morts vont bien, NO NECK BLUES BAND, Point invisible, Martin Rev, Pierre Schae er, Shetahr, THE SKATERS, Skeletons, Karlheinz Stockhausen, Throbbing Gristle, Tomutonttu, Usé, Pierre Veyser, Franck Vigroux, X Ray Spex, Zga, DTM, Blood Stereo (remerciements à Alexis Cailleton)
Remerciements à : Matthieu Bony et Fabrice Ravenet pour la construction
Production : compagnie les endimanchés Coproduction : Théâtre Dijon Bourgogne - CDN et Théâtre Vidy Lausanne Avec le soutien de : La Fonderie - le Mans, la quincaillerie - les Laumes, l’Usine - Toulouse Métropole
Avec la voix de : Bruno de Coninck Avec : Clara Bonnet, Jean-François Favreau, Alexis Forestier, Itto Mehdaoui, Barnabé Perrotey
Avec les textes de : Hugo Ball, Franz Kafka, Arthur Cravan, Eric Vuillard, Kropotkine, Raoul Hausmann, Henri Lefebvre, Lénine, Soljenitsyne, Dominique Noguez, Greil Marcus, Richard Huelsenbeck, Marcel Janco, Emile Szittya, Tristan Tzara, Heiner Müller Marcelo Tari, Walter Mehring, Paul Mattick.
Avec les musiques de : Benzo, Bélibaste de Cocagne (le cercle des mallissimalistes), John Cage, Coil, the Cramps, CYCLIKWEETOS, Einstürzende Neubauten, Enzo del Re, Le death to mankind, le dernier cri, DIRTY Beaches, Bruno Fleurence, HANSEN WINDISCH, KLEENEX, Krinator, Annabelle Playe, Residents, Meurtre, Les morts vont bien, NO NECK BLUES BAND, Point invisible, Martin Rev, Pierre Schae er, Shetahr, THE SKATERS, Skeletons, Karlheinz Stockhausen, Throbbing Gristle, Tomutonttu, Usé, Pierre Veyser, Franck Vigroux, X Ray Spex, Zga, DTM, Blood Stereo (remerciements à Alexis Cailleton)
Remerciements à : Matthieu Bony et Fabrice Ravenet pour la construction
Production : compagnie les endimanchés Coproduction : Théâtre Dijon Bourgogne - CDN et Théâtre Vidy Lausanne Avec le soutien de : La Fonderie - le Mans, la quincaillerie - les Laumes, l’Usine - Toulouse Métropole